L’art de prendre soin, la joie de faire du bien.
Ce texte est une courte réflexion sur la fatigue de compassion vécue en tant que massothérapeute.
Récemment, j’ai constaté que j’étais épuisée.
Un épuisement physique et émotionnel qui me freinait dans ce que j’aime faire. J’étais trop fatiguée pour faire mon métier, qui est de prendre soin des gens. Je suis massothérapeute, et faire du bien aux gens est une façon pour moi de connecter avec d’autres humains et de partager les expériences que nous vivons.
Le mouvement a toujours fait partie de ma vie.
Ancienne danseuse contemporaine, le corps, les muscles, les émotions sont des choses que je connais bien et avec lesquelles j'aime travailler. J’ai toujours aimé bouger, socialiser et être dans l’action. Comme danseuse, j’étais souvent blessée. Avec une blessure, j’avais le réflexe de prendre une pause, de m’octroyer du temps et d’aller chercher l’aide de professionnel·le·s pour aller mieux rapidement et reprendre mon art, celui qui me faisait vibrer.
Dans mon métier d’aujourd’hui, cette permission, je me rends compte que je ne me l’accorde pas aussi facilement. Prendre soin des autres est devenu une habitude, une vocation, presque un réflexe. Pourtant, prendre soin de soi demande un même engagement. Une même bienveillance.
J’ai réaliser que ce n’est pas parce que mes mains sont capables de soulager les tensions que je suis à l’abri d’en accumuler moi-même. Ce n’est pas parce que j’accompagne les autres vers leur mieux-être que je dois ignorer mes propres limites.
Alors, j’ai pris une grande respiration. J’ai ralenti. J’ai accepté que, parfois, être thérapeute, c’est aussi être humaine. Être vulnérable. Avoir besoin d’un espace pour me déposer, moi aussi.
Et dans ce ralentissement, j’ai retrouvé le fil. Le sens. Le toucher juste, non pas seulement dans le geste, mais dans l’intention.
J’ai compris que l’art de prendre soin commence par soi.
J’ai compris qu’en me permettant de guérir, je redeviens capable d’accompagner. Avec plus de douceur, plus de présence, plus d’authenticité.
Et c’est là, je crois, que le vrai soin commence.
Qu’est-ce que la fatigue de compassion?
La fatigue de compassion (ou épuisement empathique) est un état d’épuisement physique, émotionnel et psychologique qui touche principalement les personnes qui prennent soin des autres, comme les professionnels de la santé, les thérapeutes, les intervenants sociaux, les proches aidants, etc.
Symptômes fréquents
Fatigue intense et persistante, même après du repos
Désengagement émotionnel ou indifférence face à la souffrance
Irritabilité, anxiété, tristesse, perte de patience
Baisse de motivation ou sentiment d’inutilité dans le travail
Difficulté à se concentrer, troubles de mémoire
Troubles du sommeil, douleurs physiques ou maux inexpliqués
Quelle est la différence avec le burnout?
Le burnout est lié à une surcharge de travail prolongée et un manque de reconnaissance.
La fatigue de compassion, elle, est liée au contact répétitif avec la détresse humaine et l’usure émotionnelle qui en découle.
Que faire pour prévenir ou alléger la fatigue de compassion?
1. Reconnaître les signes
Être à l’écoute de soi est le premier pas. Prendre conscience de l'épuisement est essentiel pour pouvoir intervenir.
2. Mettre des limites
Savoir dire non, équilibrer vie personnelle et professionnelle, éviter le surinvestissement affectif.
3. Pratiquer l’auto-compassion
Accepter ses limites, se parler avec bienveillance, s’autoriser à être humain.
4. Prendre soin de soi (vraiment)
Repos de qualité
Activités plaisantes sans lien avec le travail
Pratique de relaxation ou de pleine conscience
5. Obtenir du soutien
Parler à un collègue, un superviseur, ou consulter un professionnel (psychologue, travailleur social, etc.)